Article coécrit par
Martine Chanier, MBA, coach en management agile et animatrice de codéveloppement
Michel Carney, conseiller en management
Jean Picard, CPA, CA, conseiller d’affaires
Partenaires d’Agora Ressources d’affaires
Photo: source Pixabay
Les fondements de l’entreprise soutendent les grandes orientations
Telles les fondations d’une bâtisse permettent que les parties visibles de la maison soient solides, de même les fondements de l’entreprise supportent les orientations stratégiques. Ces dernières émanent des fondements suivants : à savoir les enjeux prioritaires, les stratégies choisies, la vision, la mission et les valeurs de l’entreprise.
Chaque bâtiment est spécifique. Il en est de même pour les grandes orientations stratégiques. Elles s’appuient et proviennent de la raison d’être, de l’analyse de l’environnement interne et externe de l’organisation, de son historique, de sa situation propre.
Les orientations sont les priorités les plus importantes pour remplir la mission de l’entreprise et accomplir la vision de celle-ci. Il s’agit d’actions générales pour réaliser les objectifs et prendre en compte les décisions stratégiques. Pour un organisme sans but lucratif ou pour un organisme parapublic, il est possible que sa mission s’arrime à un cadre gouvernemental avec des finalités stratégiques, la finalité étant un résultat attendu dans ce cas-là. Par exemple : «Mieux préparer la population aux changements climatiques». Alors les orientations découleront du plan directeur du ministère auquel il est rattaché. Une analyse d’impact de la finalité stratégique peut s’appliquer.
Le conseil d’administration peut dans certains cas déterminer les grandes orientations stratégiques. Dans d’autres cas, celles-ci émaneront d’une réflexion collective du comité de travail sur la planification stratégique. Peu importe, les modalités d’élaboration, il est important de rester flexible et ouvert afin de s’adapter ou même re-penser au besoin l’organisation dans son ensemble. On veillera à conserver un esprit sélectif, pour ne garder que ce qui est essentiel, prioritaire et à s’assurer que les orientations soient les bonnes et qu’elles demeurent stratégiques selon la latitude du comité de travail. Dans le labyrinthe des possibilités, quelles orientations stratégiques ou solutions sont à privilégier, tel est le défi des parties prenantes de cette réflexion!
Pour chaque grande orientation, on doit réfléchir aux changements qu’il est nécessaire de réaliser, à l’incidence que cela apportera sur les façons de faire actuelles et ainsi anticiper le futur de l’organisation.
L’orientation stratégique
- Contribue à la direction stratégique de l’entreprise.
- Se situe au niveau global de l’organisation et émane de l’analyse des tendances actuelles et vise à améliorer la situation future.
- S’intègre à toutes les fonctions de l’entreprise et au modèle d’affaires.
- Harmonise les buts stratégiques de l’entreprise avec les activités et priorités plus opérationnelles.
- Exprime les objectifs organisationnels fondamentaux afin que les tâches quotidiennes puissent s’y arrimer.
- Possède une durée de vie limitée.
L’orientation stratégique n’est pas
- Dénuée de liens avec les opérations actuelles,
- Indépendante de la vision, des enjeux principaux de l’organisation et de la stratégie adoptée,
- Réalisée de façon fonctionnelle, en silo,
- Définitive et immuable.
La formulation de l’orientation stratégique et le choix de vocabulaire
La formulation d’une orientation stratégique débute en général par un verbe à l’infinitif.
Il arrive de voir des répétitions de verbes dans les orientations générales stratégiques : développer, améliorer, optimiser, augmenter… sont très populaires. Notre équipe a recensé au cours de son expérience un répertoire de plus de 150 verbes et les utilise adéquatement en fonction du processus des actions à poser, du stade de maturité du projet ou du degré d’implication de l’action. Notre langue est riche et précise. Elle permet de formuler l’orientation générale et de nuancer les progrès subséquents plutôt que de répéter les mêmes verbes au fil des plans stratégiques. Il ne s’agit pas de chercher des synonymes pour un effet esthétique. La concision, l’impact et la précision des mots donneront l’impulsion pour que le plan d’action soit adéquat. L’emploi des mots génériques et galvaudés conservent la confusion dans l’application opérationnelles et représente un risque d’écart de perception, entre l’orientation et son plan d’action.
Le groupe de travail diversifié ayant une cohésion d’équipe
Le comité de travail ou les participants de la réflexion lors d’un lac à l’épaule jouent tous et chacun un rôle important. Le choix de ces participants se fait en fonction de leur rôle dans l’organisation et vise à refléter une diversité de parties prenantes. En effet, il s’agit à cette étape de réfléchir et d’accepter que les idées différentes soient exposées. Souvenons-nous que le consensus dans un groupe n’est pas gage de bonne décision avec l’exemple de Challenger. La NASA avait privilégié la décision consensuelle du groupe et les leaders avaient exercé une pression pour influencer la seule personne qui ne trouvait pas sécuritaire le lancement de la navette. Or, la triste réalité a donné raison à cette personne qui était minoritaire! On a déploré les pertes humaines et économiques de cette mission. Les recherches en psychologie démontrent qu’un groupe de travail recherche le consensus et marginalise les personnes qui pensent différemment. La psychologie sociale confirme que le groupe accepte mal les pensées contradictoires et agit pour influencer ou évincer ceux qui pensent différemment. L’animateur de la réflexion devra donc prendre en compte les idées à priori divergentes avec circonspection (discernement et précaution) pour explorer si elles sont à retenir. Bien entendu, une fois les idées exposées, un choix de ce que l’on retient s’effectuera. Il sera important à cette étape de trouver le trait d’union entre les personnes pour que toutes puissent se rallier à la décision prise, en toute liberté. C’est à ce niveau-là que la modélisation des orientations par un schéma peut aider à rassembler tous les participants. Cette cohésion d’équipe est nécessaire pour qu’ensuite la communication du plan stratégique s’effectue avec un message clair.
Impact des orientations stratégiques
Les orientations générales stratégiques, au nombre assez limité, sont les priorités qui orientent le plan d’action opérationnel. Ces orientations ont un impact sur toute l’organisation de façon systémique. Si on réalise un changement, il a un impact sur toute l’entreprise. Il s’agira de prendre en compte le volet des ressources nécessaires et des frais à prévoir. Ainsi par exemple, une orientation stratégique qui représente un coût supplémentaire pourra impliquer la réduction des coûts sur un autre programme.
Conclusion
Les orientations stratégiques ont une double fonction de mieux positionner l’entreprise et d’assurer un leadership corporatif dans les communications (internes et externes) sur le plan stratégique. Les orientations stratégiques sont comme les murs de la maison et représentent la partie visible, l’image corporative de l’organisation. Elles permettent de la reconnaitre et de la distinguer des autres entreprises sur le marché. De plus, les parties prenantes ont en main un message clair pour exprimer leur engagement dans leur adhésion et le partage des décisions prises. Ils sauront la communiquer à leur équipe et permettre à chacun de s’approprier le plan d’action qui en découlera. Tout au long de l’exercice de réflexion, il sera bon de revisiter la vision, la mission, les valeurs, les enjeux, les changements et leur impact… pour réaliser les ponts nécessaires à la cohérence de l’ensemble.
Texte publié en juin 2019 pour le Regroupement loisir sport Québec (RLSQ).
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